[Début du SERMON]

La Pentecôte célèbre la venue du Saint-Esprit sur les Apôtres et sur notre Sainte Mère.  On l’appelle aussi parfois la naissance de l’Église.  Les Apôtres reçurent le don du Saint-Esprit et partirent ensuite annoncer l’Évangile à toutes les nations.  Le récit de leurs voyages après la Pentecôte est très intéressant.

Vous remarquerez que j’ai utilisé l’expression « annoncer l’Évangile », et j’aurais peut-être dû dire « évangéliser », plutôt que « prêcher l’Évangile ».  Je l’ai fait exprès.   

Je crois vous avoir déjà parlé des paroles célèbres de saint François d’Assise au sujet de l’évangélisation.  Il disait : « Prêchez l’Évangile en tout temps : si c’est nécessaire, servez-vous de mots. »

Saint François appelait ses disciples « fraticelli », c’est-à-dire « petits frères ».  Cette expression, « petits frères », est révélatrice du type de spiritualité que saint François voulait adopter.  Il voulait que les frères adoptent la pauvreté en toutes choses. 

Mais revenons à ses paroles « Prêchez l’Évangile en tout temps : si c’est nécessaire, servez-vous de mots ».  Au chapitre XVII de ses enseignements de 1221, François dit aux frères de ne pas prêcher à moins d’avoir reçu l’autorisation de le faire, mais il ajouta : « Que tous les frères par contre prêchent par l’exemple. »

La biographie de saint François m’a aidé à mieux comprendre ses paroles.  À l’époque de saint François, des communautés commençaient à s’organiser.  Certaines d’entre elles avaient comme mission de s’instruire le plus possible et de prêcher.  Les Dominicains en sont un exemple.  Saint François, qui n’a jamais été ordonné prêtre et qui resta diacre toute sa vie, voulait que les « fraticelli » évitent ce genre de prédication théorique.  Il voulait plutôt que ses « fraticelli » soient des exemples vivants de l’Évangile dont la vie serait ancrée dans la simplicité, voire dans la plus grande pauvreté.  

Devinez quelle communauté impressionnait le plus la population.  Oui, les « petits frères ».  Leurs vies à l’image de l’Évangile, au milieu des pauvres, non pas pour les servir seulement, mais en tant que pauvres eux-mêmes : voilà qui impressionna grandement!  Les « petits frères » n’essayaient pas d’être des prédicateurs étoiles.  Ils essayaient plutôt d’être des exemples vivants de la joie véritable qui émane d’une vie ancrée dans l’Évangile.  Et cette joie véritable, il faut le dire, vient du fait qu’il n’y a rien que le Christ qui encadre cette vie.  La dépendance absolue envers Dieu, en imitation du Christ, engendre une véritable liberté. 

Je vous parle de cela en ce dimanche de la Pentecôte, car la question se pose : qu’est-ce que ça veut dire « prêcher l’Évangile », ou « évangéliser »?  La réponse se trouve d’abord dans la vie elle-même du Christ!  Et un bon exemple de cette vie, c’est celle de saint François.  Est-ce que nous vivrons tous en « fraticelli »?  Pas tout à fait, mais ça ne fait pas de mal de savoir que leurs vies calquées sur l’Évangile a fortement marqué les âmes assoiffées de Dieu dans un monde où Il semble parfois absent. 

De nos jours, il y a tant de paroles et d’idées qui ne sont pas toujours agréables à entendre, ni même charitables.  On se sert des mots aujourd’hui pour attaquer, voire répandre la haine.  Il n’y a pas de meilleur moment pour se souvenir qu’au cœur d’une véritable vie spirituelle chrétienne, ce qui compte ce ne sont pas les paroles incessantes ni même la prédication.  C’est plutôt le silence dans lequel la voix de l’Esprit Saint se fait entendre, ainsi qu’une vie riche en humilité et en bonté, à l’image de Jésus.  En effet : « Prêchez l’Évangile en tout temps : si c’est nécessaire, servez-vous de mots. »

Père Bob

[FIN du SERMON]

Téléchargez le sermon du dimanche 31 mai 2020